Page:Vasari - Vies des peintres - t7 t8, 1841.djvu/94

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thie du public, sont dissipées. L’exposition de 1831, respectée par la peur des académiciens encore pâles d’une secousse qui pouvait leur arracher leur monstrueux pouvoir, offerte à une jeunesse mal préparée, peut s’invoquer ici en témoignage. Les seuls hommes dont l’art français aujourd’hui peut se recommander, et par lesquels il se tient à la hauteur quelles nations rivales nous envient, ont dans ce temps fait leur trouée. L’académie, si puissante qu’elle soit redevenue, est incapable de leur ôter les avantages de cette occasion inespérée ; mais ils seront sans successeurs. Dans l’intérêt du sommeil académique, tout ce qui se trouva alors trop jeune de quelques années est aujourd’hui foulé aux pieds et bâillonné par les plats bourreaux. À l’exception de ces quelques hommes qui de temps en temps, à cause de la faveur qui les entoure et dont nous avons expliqué le passage, les expositions sont livrées aux troupeaux d’eunuques châtrés à l’école par les pédagogues attentifs. Le public se dégoûte et se lasse, mais la coterie sans vergogne lui crie qu’on choisit encore consciencieusement, dans les fruits de l’art que le soleil de la munificence nationale fait éclore, les plus réguliers et les plus savoureux. Que voulez-vous faire dans ce cercle d’impudences et de brutalités ? Il faut, coûte que coûte, les démasquer, et quand on écrit comme nous sur l’art, le faire haut, pour, si quelque chose d’un travail consciencieux demeure, ne pas risquer de passer plus tard pour un malhonnête homme en laissant croire qu’on a trempé dans ces turpitudes.