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œuvres de émile verhaeren
La bouche ardente et les yeux fous,

Parlent, huit jours durant, du formidable trou
Qu’il leur faudra, pour que la fête
Soit belle et soit parfaite,
Creuser, violemment, au centre

De leur ventre.


Et voici l’heure où s’allument les feux.

Dans la cuisine aux carreaux bleus,
Les cuivres nets, pareils à des cymbales,
Vers les bâfreurs joyeux et fraternels
Jettent, tel un appel,

Leur cri de clarté franche et triomphale.


Les gros boudins crépitent sur le gril ;

L’oreille entend comme un bruit de grésil
Et la bouche se remplit d’aise.
Autour de la nappe blanche trônent les chaises ;
Les convives, dispos et frais,
Sur un signal venu du cabaret,
Entrent l’autre après l’un dans la grand’salle,
Et la bombance colossale
Au creux des plats fumants et monstrueux,

S’inaugure, dans le silence.