Page:Verhaeren - La Guirlande des dunes, 1907.djvu/48

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Ceux qui, le corps rompu, s’en revenaient
Des lointains effrénés de la mer,
Ceux qui, filets au dos, s’acheminaient
Vers la pêche nocturne et le hasard pervers
Voyaient, aux heures crépusculaires,
Jusques au seuil de leur chaumière,
Grandir le Christ et sa lumière.

Vers les défunts saignait la croix,
Vers les défunts saignait l’effroi,
Vers les défunts saignaient les mains
Du Christ immense et surhumain.

Ceux qui veillaient, à la lueur de leur chandelle,
L’enfant que secouait une toux éternelle,
Ceux qui pleuraient, avec de lourds sanglots,
Le fils perdu là-bas, quelque part, sous les flots,
Apercevaient, dans le champ clair de leur fenêtre,
Soudain, le Christ et sa terreur leur apparaître.

Vers les défunts saignait la croix,
Vers les défunts saignait l’effroi,
Vers les défunts saignaient les mains
Du Christ immense et surhumain