Page:Verhaeren - La Guirlande des dunes, 1907.djvu/54

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Les mailles traînent
Lentes et pesantes ; dans le remous
Les bêtes vont, les rênes
Tombantes, sur leur cou
Et monotones ;
Le corps houleux, au rythme de leur dos,
Leur cavalier, les yeux mi-clos,
Siffle ou chantonne.

Une heure passe, une heure ou deux ;
On est heureux ou malchanceux,
Le poisson vient ou bien se cache ;
On travaille par les temps chauds, par les temps froids,
Toujours ; et néanmoins on retourne chez soi,
— Oh que de fois ! —
Les paniers creux, sonnants et lâches.

Ainsi peinent les pêcheurs vieux,
Contents de rien, heureux de peu,
Usant dans le malheur ou dans la chance,
Dans la contrainte et dans l’effort,
Les sabots creux de l’existence
Qui se brisent un jour et réveillent la mort.