Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/47

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Talons frappant le sol à travers la poussière ;
Pieds suspendus, et frémissants, dans la lumière,
Élans de roc en roc, élans de mont en mont,
Vous nourrissiez la fougue errante de Persée
Sans lui donner pourtant, ni le vol, ni les bonds
Des aquilons :
Essais pauvres et vains, et travaux inutiles.

Il n’osait plus le soir se rapprocher de l’île ;
Il avait honte, hélas ! d’être celui
Qui ne réussit point à susciter en lui
L’exploit rapide et nécessaire ;
Tout son être vibrait de mouvements contraires
Au rythme aérien, qu’il fallait inventer.
Il s’en allait au loin, d’un pas précipité,
Allait et s’en venait, pour s’en aller encore,
Et de l’aurore au soir, et du soir à l’aurore,
Ici, là-bas, ailleurs, n’importe où, quelque part,
N’ayant pour compagnon furtif que le hasard.