Page:Verhaeren - Les Rythmes souverains, 1910.djvu/46

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Et le héros frémit d’une rage stérile.

En vain rechercha-t-il sur le bord qu’il foulait
Quelque pointe se dirigeant si près de l’île
Et planant d’assez haut sur ses maigres galets,
Pour que d’un bond immense il pût franchir les vagues.
Il ne rencontra rien en ses errances vagues.
Alors,
Son corps
Lui parut lourd comme une charge :
Ses pieds nerveux, ses jarrets durs, ses cuisses larges,
Son dos, nourri de force et de clarté vêtu,
Et sa hanche incurvée et sa flexible échine,
Et les muscles bandés de sa haute poitrine,
Tout semblait morne et faible, et triste, et sans vertu.
Ô ses membres pesants qui l’accablaient lui-même,
Ô leur rythme usuel qu’il lui fallait changer,
Dites, par quel effort ou par quel stratagème ?

Sauts violents, essors légers,