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Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/22

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Les gens vaguants
Comme la route, ils ont cent ans ;
Ils vont de plaine en plaine,
Depuis toujours, à travers temps ;
Les précèdent ou bien les suivent
Les charrettes dont les convois dérivent
Vers les hameaux et les venelles,
Les charrettes perpétuelles,
Criant le lamentable cri,
Le jour, la nuit.
De leurs essieux vers l’infini.

C’est la plaine, la plaine
Immensément, à perdre haleine.

De pauvres clos ourlés de haies
Écartèlent leur sol couvert de plaies ;
De pauvres clos, de pauvres fermes,
Les portes lâches
Et les chaumes, comme des bâches,
Que le vent troue à coups de hache.
Aux alentours, ni trèfle vert, ni luzerne rougie,