Page:Verhaeren - Les Villes tentaculaires, 1920.djvu/83

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Sous les hasards des étendards.

« Dame la Mort, c’est moi la Sainte Vierge
Qui viens en robe d’or chez vous,
Vous supplier à deux genoux
D’avoir pitié des gens de mon village.
Dame la Mort, c’est moi, la Sainte Vierge,
De l’ex-voto, près de la berge,
C’est moi qui fus de mes pleurs inondée
Au Golgotha, dans la Judée,
Sous Hérode, voici mille ans.

Dame la Mort, c’est moi, la Sainte Vierge
Qui fis promesse aux gens d’ici
D’aller toujours crier merci
Dans leurs détresses et leurs peines ;
Dame la Mort, c’est moi la Sainte Vierge. »

— La Mort, dites, la bonne Dame,
Se sent au cœur comme une flamme
Qui, de là, monte à son cerveau.
La Mort a soif de sang nouveau,