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poèmes

Avec, dans l’air, leurs glaives clairs
Et leurs aigles de casque éployés dans l’Histoire.

Hélas ! et la débâcle à travers leurs maisons,
Le deuil de la débâcle en des nuits de tueries,
Et les funèbres sonneries
Cassant la destinée en or de leurs blasons.

Pourtant, qu’ils soient tombés en corps-à-corps ardents,
Ramus de force et les dix doigts onglés de haine
Et la bouche folle et soudaine
Et le sang frais marbrant leurs dents,

Et contre la forêt fourmillante de lances
Qui s’avançait, qu’ils aient, le désespoir au clair,
Lourdes masses d’ombre et de fer,
Terribles bras d’acier, cogné leurs violences,

Qu’importe alors ! — ils ont senti la joie unique
D’exprimer l’être humain en sa totalité
De hargne et de brutalité,
Jusqu’au tressaut dernier de la mort tétanique !