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les débacles


— Soudain, voici la peur de ce cadavre froid
Et la peur de la peur crédule et subreptice —

Et vivement, avec des pleurs et de l’effroi,
Avec des mains repentantes et caressantes
Pour apaiser ce mort soudain et qui sera
Le fantôme des nuits lourdes et malfaisantes,
Le fantôme ! — quel est celui qui s’en viendra
Baisser, sur ces grands yeux, les paupières tombales
Et clore ces lèvres, silencieusement.

— Et les remords choquent les fers de leurs cymbales
Et le voici qui peut tomber le châtiment —

Alors, ouvre ton âme et déguste l’angoisse
Et le mystère éclos, aux caves de ton cœur :
Un flambeau qu’on déplace, une étoffe qu’on froisse,
Un trou qui te regarde, un craquement moqueur,