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les flambeaux noirs


Mes yeux ouverts ? — dites leurs prodiges !
Mes yeux fermés ? — dites leurs vertiges !
Voici leur danse rotatoire
Cercle après cercle, en ma mémoire,
Je suis l’immensément perdu,
Le front vrillé, le cœur tordu,
Les bras battants, les bras hagards
Dans les hasards des cauchemars.

Je suis l’halluciné de la forêt des Nombres.

Textes de quelles lois infiniment lointaines ?
Restes de quels géométriques univers ?
Havres, d’où sont partis, par des routes certaines,
Ceux qui pourtant se sont cassés aux rocs des mers.
Regards abstraits, lobes vides ou sans paupières,
Clous dans du fer, lames en pointe entre des pierres.