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poèmes


Je suis l’halluciné de la forêt des Nombres !

Mon cerveau triste, au bord des livres,
S’est épuisé, de tout son sang,
Dans leur trou d’ombre éblouissant ;
Devant mes yeux, les textes ivres
S’entremêlent, serpents tordus ;
Mes poings sont las d’être tendus,
Par au travers de mes nuits sombres,
Avec, au bout, le poids des nombres.
Avec, toujours, la lassitude
De leurs barres de certitude.

Je suis l’halluciné de la forêt des Nombres.

Dites, jusques à quand le net supplice
De redouter leur maléfice,
Haineusement, dardé vers ma folie ?