Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/87

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
77
les villages illusoires


Mais ceux d’ailleurs dont les paroles vaines
Sont des abois, devant les buissons creux,
Au fond des plaines ;
Les agités et les fiévreux
Fixent, avec pitié ou méfiance,
Ses lents yeux doux remplis du seul silence.

Le forgeron travaille et peine,
Au long des jours et des semaines.

Dans son brasier, il a jeté
Les cris d’opiniâtreté,
La rage sourde et séculaire ;
Dans son brasier d’or exalté,
Maître de soi, il a jeté
Révoltes, deuils, violences, colères,
Pour leur donner la trempe et la clarté
Du fer et de l’éclair.

Son front
Exempt de crainte et pur d’affronts,
Sur les flammes se penche, et tout à coup rayonne.
Devant ses yeux, le feu brûle en couronne.