Page:Verhaeren - Poèmes légendaires de Flandre et de Brabant, 1916.djvu/34

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Le roi conversait peu, mais souriait souvent ;

Les échevins croyaient qu’ils n’avaient plus qu’à prendre
Pour l’étouffer, sous leur genou, la Flandre.
Quand tout à coup, vers le déclin du jour,
L’ample bourdon de révolte et de guerre
Sauta, d’un tel élan, dans sa cage de pierre,
Qu’il ébranla, de haut en bas,

La tour.


Il bondissait vers les campagnes ;

Ses chocs
Semblaient casser les blocs
D’une montagne ;
Ses hans fendaient, lourds et profonds
Les horizons ;
Sa voix d’orage et de tempête
Rompait la fête ;
Il angoissait de ses clameurs
Les cœurs.
Si bien que son battant
Semblait le poing géant
Où se crispait l’amas des rages

Et des haines sauvages.