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confessions

se trouve, dans le bagage assez volumineux de mes vers, ce que je préférerais comme sincère par excellence et si aimablement, si doucement, si purement pensé, si simplement écrit :


Le soleil du matin doucement chauffe et dore
Les seigles et les blés tout humides encore
Et l’azur a gardé sa fraîcheur de la nuit…


Ainsi débuta ce mince volume qui devait paraître un an après, juste au moment de la guerre et dont Victor Hugo me disait à son retour en France : « C’est une fleur dans un obus. » Je ne sais si c’est bien vrai, mais toujours est-il que j’ai, dès l’origine, gardé une prédilection pour ce pauvre petit recueil où tout un cœur purifié s’est mis…

Sivry tint sa promesse et j’eus le plaisir de le recevoir, à la petite gare distante d’un kilomètre à peine de Fampoux. Il m’apportait de bonnes nouvelles, hélas ! assombries par l’annonce d’un très prochain départ pour un séjour, d’à peu près deux mois encore, en Normandie de toute sa famille, M. et Mme M…, leur fille aînée, celle dont il est question ici et une autre fille, enfant de dix ans. Mais il insistait sur le bon accueil fait à ma demande par la mère et la fille. Quant au père, il comptait peu, bien qu’encombrant au possible, le pauvre homme, mort depuis, de qui Dieu ait l’âme… importune ! Nous passâmes, Sivry et moi, une agréable