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confessions

semaine sous le modeste toit avonculaire. Le dimanche qui prit place, Sivry tint l’harmonium à la grand’messe et étonna fort, si même il ne scandalisa pas quelque peu les oreilles rustiques de l’auditoire par des offertoires et des marches de sortie empruntées aux opéras de Wagner. Mais tout a une fin, Sivry devait rentrer à Paris, et moi mon bureau me réclamait : nous partîmes, ma mère et nous pour cet éternel Paris.

Ma mère, qui avait donné son assentiment à mon projet, tout en élevant quelques réserves sur l’impromptu d’une résolution si importante, était heureuse, au fond, de me voir, comme elle disait, devenir enfin sérieux. Car je ne buvais plus, du moins à me soûler. J’étais assidu à mon bureau et je rentrais de bonne heure le soir. Même il m’arrivait de plus en plus souvent de rester à la maison à jouer des parties de cartes que je savais qui l’amusaient ; d’autres fois je l’accompagnais dans des soirées bourgeoises où je ne brillai guère par l’éclat d’une conversation qui eût d’ailleurs été, je le crains, peu goûtée dans ces milieux joliment vieillots, mais pas trop surannés pour bien faire. Une tasse de thé et des petits fours complétaient ces fêtes et minuit au plus tard nous voyait de retour au logis dans cette rue de l’Écluse, en ces Batignolles où nous habitions depuis, ma foi, notre arrivée à Paris, depuis 1851.