Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/126

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« Tu veux dire l’Argèlès, répondit Louise en riant. Et puis, il ne s’appelle point Agathoclès, mais Agathocle, mon prétendu !…

— Bon !… répliqua Mme Elissane, Argèlès… Agathocle… Cela n’a point d’importance ! Tu peux être certaine qu’il ne se trompera pas, lui, en prononçant le nom de Louise…

— Est-ce bien sûr ?… répondit la jeune fille un peu railleuse. M. Agathocle ne me connaît guère, et j’avoue que je ne le connais pas davantage…

— Oh ! nous vous laisserons tout le temps de faire connaissance avant de rien décider…

— C’est trop juste !

— D’ailleurs, je suis sûre que tu lui plairas, mon enfant, et il y a tout lieu de penser qu’il saura te plaire… Mme Désirandelle en fait un éloge !… Et alors nous arrêterons les conditions du mariage…

— Et le compte sera balancé, mère ?

— Oui, moqueuse, à ton profit !… Ah ! n’oublions pas que leur ami, M. Clovis Dardentor, accompagne les Désirandelle… tu sais, ce riche Perpignanais dont ils sont si fiers, et, à les en croire, le meilleur homme qui soit au monde. M. et Mme Désirandelle n’ayant pas l’habitude de la navigation, il a bien voulu les piloter jusqu’à Oran. C’est très bien de sa part, et nous lui ferons bon accueil, Louise…

— Tout l’accueil qu’il mérite, et même s’il avait l’idée de demander ma main… Mais non, j’oublie que je dois être… que je serai Mme Agathocle… un beau nom, quoique un peu de l’Antiquité grecque !

— Voyons, Louise, sois donc sérieuse ! »

Sérieuse, elle l’était, cette jeune fille, et d’humeur gaie et charmante. Et ce n’est point parce qu’il en est toujours ainsi de l’héroïne d’un roman. Non, elle l’était, en réalité, dans l’épanouissement de sa vingtième année, sa nature franche, sa physionomie vive et mobile, ses yeux veloutés et brillants dont la prunelle s’ouvrait sur un iris azuré, sa chevelure d’un blond foncé si abondante, sa démarche