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et il suivait un commissionnaire porteur d’une lourde valise. Comme il s’était toujours tenu à l’écart pendant la traversée, personne ne s’inquiéta de le saluer à son départ.

Clovis Dardentor et les Parisiens débarquèrent, laissant la famille Désirandelle s’occuper du transport de ses bagages à la maison de la rue du Vieux-Château. Puis, montant dans la même voiture, chargée de leurs valises, ils se dirigèrent vers un excellent hôtel de la place de la République que le docteur Bruno leur avait spécialement recommandé. Là, au premier étage, un salon, une chambre, un cabinet réservé à Patrice, furent mis à la disposition de Clovis Dardentor. Marcel Lornans et Jean Taconnat retinrent deux chambres à l’étage au-dessus, avec fenêtres ouvrant sur la place.

Or, il se trouva que M. Oriental avait également fait choix de cet hôtel. Aussi, lorsque ses compagnons de traversée y arrivèrent, l’aperçurent-ils installé dans la salle à manger, méditant le menu du repas qu’il allait se faire servir.

« Singulier astronome ! observa Jean Taconnat. Ce qui m’étonne, c’est qu’il ne commande pas pour son dîner une omelette aux étoiles brouillées ou un canard aux petites planètes ! »

Bref, une demi-heure après, Clovis Dardentor quittait sa chambre, dans une toilette soignée dont Patrice avait surveillé les moindres détails.

Dès qu’il rencontra les deux cousins à la porte du hall :

« Eh bien ! mes jeunes amis, s’écria-t-il, nous nous sommes amenés à Oran !…

— Amenés est le mot, répondit Jean Taconnat.

— Ah çà ! j’espère bien que vous ne songez pas à vous engager dès aujourd’hui au 7e chasseurs…

— Eh ! monsieur Dardentor, cela ne saurait tarder, répondit Marcel Lornans.

— Vous êtes donc bien pressés d’endosser la veste bleue, d’enfiler le pantalon rouge à basane, de coiffer la calotte d’ordonnance…

— Quand on a pris un parti…