Page:Verne - Clovis Dardentor, Hetzel, 1900.djvu/188

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« Le voici, le voici qui s’amène en personne ! » dit le Perpignanais d’un ton déclamatoire, sans se douter qu’il parlait en vers.

Nouveau salut du président de la Société astronomique de Montélimar, mais aucune parole d’échangée. M. Eustache Oriental semblait vouloir se tenir à l’écart, ainsi qu’il l’avait fait à bord de l’Argèlès.

« Ainsi il sera des nôtres ?… observa Marcel Lornans.

— Oui… et va se faire trimbaler de conserve avec nous ! repartit M. Dardentor.

— Je pense, ajouta Jean Taconnat, que la compagnie se sera précautionnée de vivres supplémentaires…

— Blaguez, monsieur Taconnat, blaguez ! répliqua Clovis Dardentor. Et, pourtant, qui sait si cet astronome ne nous sera pas utile en voyage ?… Supposez que la caravane s’égare, est-ce qu’il ne la remettrait pas en bon chemin… rien qu’à consulter les astres ?… »

Enfin on verrait à profiter de la présence de ce savant, si les circonstances l’exigeaient.

Comme l’avait proposé M. Dardentor, l’avant-midi et l’après-midi furent consacrées aux promenades à l’intérieur et à l’extérieur de la ville.

La population de Saïda se chiffre environ par trois mille habitants, — population mixte, composée d’un sixième de Français, d’un douzième de Juifs, et, pour le reste, d’indigènes.

La commune, originaire d’un cercle de la subdivision militaire de Mascara, fut fondée en 1854. Mais, dix ans avant, il ne subsistait plus que des ruines de la vieille ville, prise et détruite par les Français. Ce quadrilatère, entouré de murs, formait une des places fortes d’Abd el Kader. Depuis cette époque, la nouvelle ville a été reconstruite à deux kilomètres au sud-est, près du faîte entre le Tell et les Hauts-Plateaux, à la cote de neuf cents mètres. Elle est arrosée par le Méniarin, qui sort d’une gorge profonde.

Il faut en convenir, Saïda la Belle n’offrait guère aux touristes qu’un décalque de Saint-Denis du Sig et de Mascara, avec son organisation moderne mélangée aux coutumes indigènes. Toujours l’inévitable