Page:Verne - Famille-sans-nom, Hetzel, 1889.djvu/181

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— Oui, neuf jours.

— Et il n’a pas dit ce qu’il allait faire ?

— Son intention, répondit Pierre, était de visiter le comté de Chambly, où il n’avait pas encore été pendant toute notre campagne de pêche.

— Oui… c’est une raison, dit M. de Vaudreuil, et pourtant, je regrette qu’il se soit aventuré seul à travers un territoire, où les agents de la police doivent être sur pied.

— Je lui ai proposé de le faire accompagner par Jacques et par Tony, répondit Pierre, mais il a refusé.

— Et quelle est votre idée sur tout cela, Pierre ? demanda Mlle de Vaudreuil.

— Mon idée, c’est que Jean avait formé depuis longtemps le projet d’aller à Chambly, tout en se gardant d’en rien dire. Or, comme il avait été convenu que nous débarquerions à Laprairie, et que nous reviendrions tous ensemble à la ferme, après avoir désarmé le Champlain, il ne nous en a informés qu’au moment où nous étions devant Caughnawaga.

— Et, en vous quittant, il a bien pris l’engagement d’être ici pour le baptême ?

— Oui, notre demoiselle, répondit Pierre. Il sait qu’il doit tenir le bébé avec vous et que, sans lui, d’ailleurs, la famille Harcher ne serait pas au complet ! »

Devant une promesse aussi formelle, il convenait d’attendre patiemment.

Toutefois, si la journée s’achevait sans que Jean eût paru, les craintes ne seraient que trop justifiées. Pour qu’un homme aussi déterminé que lui, ne vînt pas au jour dit, c’est que la police se serait emparée de sa personne… Et alors, M. et Mlle de Vaudreuil ne le savaient que trop, il était perdu.

En ce moment, s’ouvrit la porte qui donnait accès dans la grande cour, et un sauvage parut sur le seuil.

Un sauvage, — c’est ainsi, en Canada, qu’on appelle encore les