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Indiens, même dans les actes officiels, comme on appelle « sauvagesses » leurs femmes qui portent le nom de « squaws » en langue iroquoise ou huronne.

Ce sauvage était précisément un Huron, et de race pure — ce qui se voyait à son visage imberbe, à ses pommettes saillantes et carrées, à ses petits yeux vifs. Sa haute taille, son regard assuré et pénétrant, la couleur de sa peau, la disposition de sa chevelure, en faisaient un type très reconnaissable de la race indigène de l’Ouest de l’Amérique.

Si les Indiens ont conservé leurs mœurs d’autrefois, les coutumes des tribus de l’ancien temps, l’habitude de s’agglomérer dans leurs villages, une prétention tenace à retenir certains privilèges que les autorités ne leur contestent point d’ailleurs, enfin une propension naturelle à vivre à part des « Visages Pâles », ils se sont quelque peu modernisés, cependant — surtout sous le rapport du costume. Ce n’est que dans certaines circonstances qu’ils revêtent encore l’habillement de guerre.

Ce Huron, à peu près vêtu à la mode canadienne, appartenait à la tribu des Mahogannis, qui occupait une bourgade de quatorze à quinze cents feux au nord du comté. Cette tribu, on l’a dit, n’était pas sans avoir des rapports avec la ferme de Chipogan, où le fermier leur faisait toujours bon accueil.

« Eh ! que voulez-vous, Huron ? s’écria-t-il, lorsque l’Indien se fut avancé et lui eut donné solennellement la poignée de main traditionnelle.

— Thomas Harcher voudra sans doute répondre à la demande que je vais lui faire ? répliqua le Huron, avec cette voix gutturale qui est particulière à sa race.

— Et pourquoi pas, répondit le fermier, si ma réponse peut vous intéresser ?

— Mon frère m’écoutera donc, et jugera ensuite ce qu’il devra dire ! »

Rien qu’à cette forme de langage, dans laquelle le sauvage ne par-