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— Non… Clary… Non !… Par pitié pour mon fils… par pitié pour sa mémoire ! »

Et alors, les cris de reprendre avec une nouvelle violence, les menaces aussi. La foule avait grossi, en proie à un de ces délires irrésistibles, qui poussent aux plus lâches attentats.

M. de Vaudreuil et Vincent Hodge voulurent essayer de lui arracher sa victime. Quelques-uns de leurs amis, attirés par le tumulte, vinrent à leur aide. Mais en vain tentèrent-ils de dégager Bridget, et avec elle Clary, qui s’attachait à elle.

« À mort !… À mort… la femme de Simon Morgaz ! » hurlaient ces voix affolées.

Tout à coup, à travers la foule qu’il repoussa, un homme apparut. Soudain, arrachant Bridget aux bras qui se levaient pour lui porter les derniers coups :

« Ma mère ! » s’écria cet homme.

C’était Jean-Sans-Nom, c’était Jean Morgaz !


XI
expiation.


Voici dans quelles circonstances le nom de Morgaz avait été révélé aux défenseurs de l’île Navy.

On ne l’a pas oublié, à plusieurs reprises déjà, les préparatifs de résistance, les points que l’on fortifiait pour repousser une attaque des royaux, quelques tentatives faites en vue de forcer le passage du Niagara, avaient été signalés au camp de Mac Nab. Évidemment, un espion s’était glissé dans les rangs des patriotes et tenait l’ennemi