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Gallia, en effet, traversait cet anneau qui est à peu près concentrique à l’orbite de la terre et extérieur à elle. Ces corpuscules météoriques semblaient prendre pour point de départ Algol, l’une des étoiles de la constellation de Persée, et ils s’enflammaient avec une intensité que leur extraordinaire vitesse rendait merveilleuse, en se frottant à l’atmosphère de Gallia. Un bouquet d’artifices, formé de millions de fusées, le chef-d’œuvre d’un Ruggieri, n’eût pas même été comparable aux magnificences de ce météore. Les roches de la côte, en reflétant ces corpuscules à leur surface métallique, semblaient pointillées de lumière, et la mer éblouissait les regards, comme si elle eût été frappée de grêlons incandescents.

Mais ce spectacle ne dura que vingt-quatre heures à peine, tant la vitesse de Gallia était grande à s’éloigner du soleil.

Le 26 février, la Dobryna fut arrêtée dans sa marche vers l’ouest par une longue projection du littoral qui l’obligea à descendre jusqu’à l’extrémité de l’ancienne Corse, dont il ne restait pas trace. Là, le détroit de Bonifacio faisait place à une vaste mer, absolument déserte. Mais, le 27, un îlot fut signalé dans l’est, à quelques milles sous le vent de la goëlette, et sa situation permettait de croire, à moins que son origine ne fût récente, qu’il appartenait à la pointe septentrionale de la Sardaigne.

La Dobryna s’approcha de cet îlot. Le canot fut mis