Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/203

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vres pour le compte d’un rentier, qu’au moment de la catastrophe, tout s’était subitement englouti autour d’elle sauf ce bout de terre, qu’elle et Marzy, sa favorite, avaient seules été sauvées, qu’elle avait eu grand peur, mais que bientôt rassurée, après avoir remercié le bon Dieu parce que la terre ne remuait plus, elle s’était arrangée pour vivre avec Marzy. Elle possédait heureusement quelques vivres qui avaient duré jusqu’alors, et elle avait toujours espéré qu’un bateau viendrait la reprendre. Puisque le bateau était là, elle ne demandait pas mieux de s’en aller, à la condition qu’on emmenât sa chèvre avec elle, et qu’on la ramenât à la ferme quand on le pourrait.

« Voilà un gentil habitant de plus sur Gallia, » dit le capitaine Servadac, après avoir embrassé la petite fille.

Une demi-heure plus tard, Nina et Marzy étaient installées à bord de la goëlette, où chacun, on le pense bien, leur fit le meilleur accueil. C’était d’un heureux augure la rencontre de cette enfant ! Les matelots russes, gens religieux, voulurent la considérer comme une sorte de bon ange, et plus d’un regarda, vraiment, si elle n’avait pas des ailes. Ils l’appelaient entre eux, dès le premier jour, « la petite Madone. »

La Dobryna, en quelques heures, eut perdu de vue Madalena et retrouva, en redescendant vers le sud-est, le nouveau littoral, qui avait été reporté à cinquante