Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/206

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— À propos, capitaine, demanda le comte Timascheff, puisque notre voyage de circumnavigation doit nous ramener sur les atterrages de Gibraltar, croyez-vous qu’il y ait lieu de faire connaître aux Anglais le nouvel état de choses et les conséquences qu’il comporte ?

— À quoi bon ? répondit le capitaine Servadac. Ces Anglais savent où est située l’île Gourbi, et, s’il leur plaît, ils peuvent y venir. Ce ne sont point des malheureux, abandonnés sans ressource. Au contraire ! Ils ont de quoi se suffire, et pour longtemps. Cent vingt lieues, au plus, séparent leur îlot de notre île, et, une fois la mer prise par le froid, ils peuvent nous rejoindre quand ils le voudront. Nous n’avons pas eu précisément à nous louer de leur accueil, et, s’ils viennent ici, nous nous vengerons…

— Sans doute, en les accueillant mieux qu’ils ne l’ont fait ? demanda le comte Timascheff.

— Certes, oui, monsieur le comte, répondit le capitaine Servadac, car, en vérité, il n’y a plus ici ni Français, ni Anglais, ni Russes.

— Oh ! fit le comte Timascheff en secouant la tête, un Anglais est Anglais partout et toujours !

— Eh ! répliqua Hector Servadac, c’est à la fois leur qualité et leur défaut ! »

Ainsi fut arrêtée la conduite à tenir à l’égard de la petite garnison de Gibraltar. D’ailleurs, lors même qu’on eût résolu de renouer quelques relations avec