Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/207

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ces Anglais, cela n’eût pas été possible en ce moment, car la Dobryna n’aurait pu, sans risques, revenir en vue de leur îlot.

En effet, la température s’abaissait d’une manière continue. Le lieutenant Procope ne constatait pas sans inquiétude que la mer ne pouvait tarder à se prendre autour de la goëlette. En outre, les soutes, épuisées par une marche à toute vapeur, se vidaient peu à peu, et le charbon devait bientôt manquer, si on ne le ménageait pas. Ces deux raisons, très-graves à coup sûr, furent développées par le lieutenant, et, après discussion, il fut convenu que le voyage de circumnavigation serait interrompu à la hauteur de la pointe volcanique. La côte, au delà, redescendait vers le sud et se perdait dans une mer sans limites. Engager la Dobryna, prête à manquer de combustible, à travers un océan prêt à se congeler, c’eût été une imprudence dont les conséquences pouvaient être extrêmement funestes. Il était probable, d’ailleurs, que sur toute cette portion de Gallia, autrefois occupée par le désert africain, on ne trouverait pas un autre sol que celui qui avait été observé jusqu’alors, — sol auquel l’eau et l’humus faisaient absolument défaut, et qu’aucun travail ne pourrait jamais fertiliser. Donc, nul inconvénient à suspendre l’exploration, quitte à la reprendre en des temps plus favorables.

Ainsi, ce jour-là, 5 mars, il fut décidé que la Dobryna ne remettrait pas le cap au nord et qu’elle