Page:Verne - Hector Servadac, Tome 1.pdf/287

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défendu de communiquer avec lui, personne n’était allé le voir à la Hansa. Mais une petite fumée, qui s’échappait par le tuyau de la cabine, indiquait que le propriétaire de la tartane demeurait toujours à son bord. Cela devait lui coûter, sans doute, de brûler de son combustible, si peu que ce fût, lorsqu’il aurait pu profiter gratuitement de la chaleur volcanique de Nina-Ruche. Mais il préférait ce surcroit de dépense à l’obligation où il eût été d’abandonner la Hansa pour partager la vie commune. En son absence, qui donc eût veillé sur la précieuse cargaison ?

Du reste, la tartane et la goëlette avaient été disposées de manière à supporter les fatigues d’un long hivernage. Le lieutenant Procope y avait donné tous ses soins. Solidement affourchées dans la crique, prises maintenant dans leur carapace glacée, elles étaient toutes deux immobiles. Mais on avait eu la précaution, ainsi que le font les hiverneurs des mers arctiques, de tailler la glace en biseau sous leur coque. De cette façon, la masse durcie des eaux se rejoignait sous la quille et ne venait plus exercer sa puissante pression contre les flancs des deux embarcations, avec le risque de les écraser. Si le niveau de l’ice-field s’élevait, la goëlette et la tartane s’exhausseraient d’autant ; mais, avec le dégel, on pouvait espérer qu’elles retrouveraient la ligne de flottaison convenable à leur élément naturel.

La mer Gallienne était donc maintenant congelée