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sur toute son étendue, et, dans sa dernière visite à l’île Gourbi, le lieutenant Procope avait pu constater que le champ de glace se développait à perte de vue dans le nord, l’est et l’ouest.

Un seul endroit de ce vaste bassin avait résisté au phénomène de solidification. C’était, au bas de la caverne centrale, cette espèce d’étang sur lequel se déversait la nappe de laves incandescentes. Là, l’eau demeurait absolument libre dans son cadre de roches, et les glaçons, qui tendaient à se former sous l’action du froid, étaient aussitôt dévorés par le feu. L’eau sifflait et se volatilisait au contact des laves, et un bouillonnement continu tenait ses molécules dans une sorte d’ébullition permanente. Cette petite portion de mer, toujours liquide, aurait dû permettre aux pêcheurs d’exercer leur art avec quelque succès. Mais, comme le disait Ben-Zouf, « les poissons y étaient déjà trop cuits pour mordre ! »

Pendant les premiers jours d’avril, le temps changea, le ciel se couvrit sans provoquer, cependant, aucun relèvement de la température. C’est que la baisse thermométrique ne tenait pas à un état particulier de l’atmosphère, ni au plus ou moins de vapeurs dont elle était saturée. En effet, il n’en était plus de Gallia comme des contrées polaires du globe, nécessairement soumises à l’influence atmosphérique, et dont les hivers éprouvent certaines intermittences sous l’influence des vents qui sautent d’un point du compas