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à l’autre. Le froid du nouveau sphéroïde ne pouvait causer d’importantes variations thermométriques. Il n’était dû, en somme, qu’à son éloignement de la source de toute lumière et de toute chaleur, et il irait croissant jusqu’à ce qu’il eût atteint la limite assignée par Fourier aux températures de l’espace.

Ce fut une véritable tempête qui se déclara à cette époque, tempête sans pluie ni neige, mais pendant laquelle le vent se déchaîna avec une incomparable violence. En se précipitant à travers la nappe de feu qui fermait extérieurement la baie de la salle commune, il y produisait les plus étranges effets. Il fallut se garer sévèrement des laves qu’il repoussait à l’intérieur. Mais il n’était pas à craindre qu’il les éteignît. Au contraire, en les saturant d’oxygène, cet ouragan en activait l’incandescence, comme eût fait un immense ventilateur. Quelquefois, tant sa poussée était violente, le rideau liquide se crevait un instant, et un courant froid pénétrait dans la grande salle, mais la déchirure se refermait presque aussitôt, et ce renouvellement de l’air intérieur était plutôt avantageux que nuisible.

Le 4 avril, la lune, nouvellement acquise, avait commencé à se détacher de l’irradiation solaire sous la forme d’un croissant délié. Elle reparaissait donc après une absence de huit jours environ, ainsi que sa révolution, déjà observée, avait pu le faire prévoir. Les craintes, plus ou moins justifiées, que l’on avait eues de ne pas la revoir, ne se réalisèrent donc pas,