Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/183

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teur de cette tâche, avec ses idées encore étroites, ses tendances à demi barbares, ses haines religieuses ? Les faits répondront d’eux-mêmes.

Entre cette année 1403, à la fin de laquelle Jean de Béthencourt venait de terminer sa colonisation des Canaries et l’année 1492, que s’était-il passé ? Nous allons le raconter en quelques lignes.

Un mouvement scientifique considérable, dû aux Arabes, qui allaient être bientôt chassés d’Espagne, s’était produit dans toute la péninsule. Dans tous les ports, mais surtout dans ceux du Portugal, on parlait de cette terre d’Afrique et des pays d’au delà des mers, si riches et si merveilleux. « Mille récits, dit Michelet, enflammaient la curiosité, la valeur et l’avarice ; on voulait voir ces mystérieuses contrées où la nature avait prodigué les monstres, où elle avait semé l’or à la surface de la terre. » Un jeune prince, l’infant dom Henri, duc de Viseu, troisième fils de Jean 1er, qui s’était adonné à l’étude de l’astronomie et de la géographie, exerça sur ses contemporains une influence considérable ; c’est à lui que le Portugal doit le développement de sa puissance coloniale, et ces expéditions répétées dont les récits enthousiastes et les résultats grandioses devaient enflammer l’imagination de Christophe Colomb.

Établi à la pointe méridionale de la province des Algarves, à Sagrès, d’où ses regards embrassaient l’immensité de l’Océan et semblaient y chercher quelque terre nouvelle, dom Henri fit bâtir un observatoire, créa