Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/193

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côtes européennes, leur apporte des épaves américaines, on était fondé à attribuer à ces débris une origine purement asiatique. Donc, l’Asie n’était pas éloignée de l’Europe, et les communications entre ces deux extrêmes du vieux continent devaient être faciles.

Ainsi, aucun géographe du temps ne pensait qu’il pût exister un nouveau monde ; c’est ce qu’il importe d’établir catégoriquement. Il n’était même pas question, en cherchant cette route de l’ouest, d’étendre les connaissances géographiques. Non : ce furent des commerçants qui se mirent à la tête de ce mouvement et qui préconisèrent cette traversée de l’Atlantique. Ils ne pensaient qu’à trafiquer, et à le faire par le plus court chemin.

Il faut ajouter que la boussole, inventée, suivant l’opinion la plus générale, vers 1302, par un certain Flavio Gioja d’Amalfi, permettait alors aux bâtiments de s’éloigner des côtes et de se diriger hors de la vue de toutes terres. De plus, Martin Behaim et deux médecins de Henri de Portugal avaient trouvé le moyen de se guider sur la hauteur du soleil et d’appliquer l’astrolabe aux besoins de la navigation.

Ces facilités admises, la question commerciale de la route de l’ouest se traitait donc journellement en Espagne, en Portugal, en Italie, pays où la science est faite d’imagination pour les trois quarts. On discutait et on écrivait. Les commerçants, surexcités, mettaient les savants aux prises. Un groupe de faits, de systèmes, de doctrines, se formait. Il était temps qu’une seule