Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/244

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rent dans les montagnes. Les Espagnols se virent alors réduits à toutes les horreurs de la disette, et ils se livrèrent contre les naturels à de terribles représailles. On affirme que le tiers de la population indigène périt par la faim, la maladie et les armes des compagnons de Colomb. Ces malheureux Indiens payaient cher leurs rapports avec les conquérants européens.

Christophe Colomb était entré dans la voie des revers. Tandis que son autorité se voyait de plus en plus compromise à l’île Espagnole, sa réputation et son caractère subissaient de violentes attaques en Espagne. Il n’était pas là pour se défendre, et les officiers qu’il avait renvoyés dans la mère patrie l’accusaient hautement d’injustice et de cruauté ; ils avaient même insinué que l’Amiral cherchait à se rendre indépendant du roi. Ferdinand, influencé par ces indignes propos, désigna un commissaire qu’il chargea d’apprécier les faits incriminés et de se rendre aux Indes occidentales. Ce gentilhomme se nommait Jean d’Aguado. Le choix de ce seigneur, destiné à remplir une mission de confiance, ne fut pas heureux. Jean d’Aguado était un esprit partial et prévenu. Il arriva au mois d’octobre au port d’Isabelle, à un moment où l’Amiral, occupé d’explorations, était absent, et il commença par traiter avec une extrême hauteur le frère de Christophe Colomb. Don Diègue, s’appuyant de son titre de gouverneur général, refusa de se soumettre aux injonctions du commissaire du roi.

Jean d’Aguado se disposait donc à rentrer en Espa-