Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/287

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comprendre par leurs signes, appartenait à un pays fort loin de là, et disait avoir déjà vu des bâtiments grands comme les nôtres. » Ce fut pour Vasco da Gama la preuve qu’il approchait de ces terres de l’Inde, depuis si longtemps et si ardemment cherchées. Aussi nomma-t-il la rivière qui débouchait à cet endroit dans la mer Rio dos Boms Signaes (Rivière des Bons Indices). Malheureusement apparurent en même temps parmi les équipages les premiers symptômes du scorbut, qui ne tarda pas à jeter bon nombre de matelots sur les cadres.

Le 10 mars, l’expédition mouilla devant l’île de Mozambique. Là, Gama, par ses interprètes arabes, apprit que, parmi les habitants d’origine mahométane, se trouvait un certain nombre de marchands qui trafiquaient avec l’Inde. L’or et l’argent, les draps et les épices, les perles et les rubis formaient le fond de leur commerce. Gama reçut en même temps l’assurance qu’en remontant le long du littoral, il trouverait de nombreuses cités ; « ce dont nous étions si joyeux, dit Velho dans sa naïve et précieuse relation, que nous en pleurions de plaisir, priant Dieu qu’il lui plût nous donner la santé pour que nous vissions ce que nous avions tant désiré. »

Le vice-roi Colyytam, qui croyait avoir affaire à des musulmans, vint plusieurs fois à bord des navires, où il fut magnifiquement traité ; il répondit à ces politesses par l’envoi de présents, il donna même à Gama deux pilotes habiles ; mais lorsque des marchands maures, qui avaient trafiqué en Europe, lui eurent, appris que ces étrangers, loin d’être Turcs, étaient