Page:Verne - Histoire des grands voyages et des grands voyageurs, Hetzel, 1870, tome 1.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

momentané des ressources des Maures pour frapper un grand coup en s’emparant de Calicut ?

Mais nous sommes trop loin des événements, nous en connaissons trop peu le détail pour apprécier avec impartialité les raisons qui engagèrent da Nova à revenir immédiatement en Europe.

Ce fut dans cette dernière partie du voyage qu’il découvrit, au milieu de l’Atlantique, la petite île de Sainte-Hélène. Une curieuse légende se rattache à cette découverte. Un certain Fernando Lopès, qui avait suivi Gama aux Indes, avait dû, pour épouser une Hindoue, renoncer au christianisme et se faire mahométan. Au passage de da Nova, soit qu’il eût assez de la femme ou de la religion, il demanda à être rapatrié et reprit son ancien culte. Lorsqu’on visita Sainte-Hélène, Lopès, pour obéir à une idée subite qu’il prit pour une inspiration d’en haut, demanda à y être débarqué afin d’expier, disait-il, sa détestable apostasie et la réparer par son dévouement à l’humanité. Sa volonté parut si bien arrêtée que da Nova dut y consentir, et il lui laissa, comme il le demandait, des semences de fruits et de légumes. Nous devons ajouter que cet étrange ermite, pendant quatre ans, travailla au défrichement et à la plantation de l’île avec un tel succès, que les navires y trouvèrent bientôt à se ravitailler pendant la longue traversée d’Europe au cap de Bonne-Espérance.

Les expéditions successives de Gama, de Cabral et de da Nova avaient prouvé jusqu’à l’évidence qu’il ne