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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Aussi, tenons-nous prêts à tout événement ! »

Cela dit, le seigneur Kéraban fit mettre les armes en état. Van Mitten et Bruno avaient chacun un revolver à six coups et un certain nombre de cartouches. Lui, Vieux Turc, ennemi déclaré de toute invention moderne, ne possédait que deux pistolets de fabrication ottomane, au canon damasquiné, à la crosse incrustée d’écaille et de pierres précieuses, mais plus faits pour orner la ceinture d’un agha que pour détonner dans une attaque sérieuse. Van Mitten, Kéraban et Bruno devaient donc se contenter de ces seules armes, et ne les employer qu’à coup sûr.

Cependant, les sangliers, au nombre d’une vingtaine, s’étaient rapprochés peu à peu et entouraient la voiture. À la lueur des lanternes, qui les avait sans doute attirés, on pouvait les voir se démener violemment et fouiller le sol à coups de défenses. C’étaient d’énormes suiliens, de la taille d’un âne, d’une force prodigieuse, capables de découdre chacun toute une meute. La situation des voyageurs, emprisonnés dans leur coupé, ne laissait donc pas d’être très inquiétante, s’ils venaient à être assaillis de part et d’autre, avant le lever du jour.