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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Vous en parlez à votre aise, ma chère maîtresse ! Si vous étiez à ma place, vous ne seriez pas si patiente !

— Folle ! répondit Amasia. Ne dirait-on pas qu’il s’agit de ton mariage, non du mien !

— Et croyez-vous donc que ce ne soit pas une chose grave, de passer au service d’une dame, après avoir été au service d’une jeune fille ?

— Je ne t’en aimerai pas mieux, Nedjeb !

— Ni moi, ma chère maîtresse ! Mais, en vérité, je vous verrai si heureuse, si heureuse, lorsque vous serez la femme du seigneur Ahmet, qu’il rejaillira sur moi un peu de votre bonheur !

— Cher Ahmet ! murmura la jeune fille, dont les beaux yeux se voilèrent un instant, pendant qu’elle évoquait le souvenir de son fiancé.

— Allons ! vous voilà forcée de fermer les yeux pour le voir, ma bien-aimée maîtresse ! s’écria malicieusement Nedjeb, tandis que, s’il était ici, il suffirait de les ouvrir !

— Je te répète, Nedjeb, qu’il est allé prendre connaissance du courrier à la maison de banque, et que, sans doute, il nous rapportera une lettre de son oncle.

— Oui !… une lettre du seigneur Kéraban, où le