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KÉRABAN-LE-TÊTU.

seigneur Kéraban répétera, suivant son habitude, que ses affaires le retiennent à Constantinople, qu’il ne peut encore quitter son comptoir, que les tabacs sont en hausse, à moins qu’ils ne soient en baisse, qu’il arrivera dans huit jours, sans faute, à moins que ce ne soit dans quinze !… Et cela presse ! Nous n’avons plus que six semaines, et il faut que vous soyez mariée, sinon toute votre fortune…

— Ce n’est pas pour ma fortune que je suis aimée d’Ahmet !

— Soit… mais il ne faut pas compromettre par un retard !… Oh ! ce seigneur Kéraban… si c’était mon oncle !

— Et que ferais-tu, si c’était ton oncle ?

— Je n’en ferais rien, chère maîtresse, puisqu’il paraît qu’on n’en peut rien faire !… Et cependant, s’il était ici, s’il arrivait aujourd’hui même… demain, au plus tard, nous irions faire enregistrer le contrat chez le juge, et, après-demain, une fois la prière dite par l’imam, nous serions mariés, et bien mariés, et les fêtes se prolongeraient pendant quinze jours à la villa, et le seigneur Kéraban repartirait avant la fin, si cela lui faisait plaisir de s’en retourner là-bas ! »

Il est certain que les choses pourraient se passer