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KÉRABAN-LE-TÊTU.

vies avec un intérêt facile à comprendre. Le seigneur Kéraban remettrait-il à son retour le mariage d’Amasia et d’Ahmet ? Il l’avait remis : première bonne carte dans son jeu. Ahmet consentirait-il à accompagner son oncle ?… Il y avait consenti : seconde bonne carte dans le jeu d’Yarhud.

Eh bien, le Maltais en avait une troisième : Amasia et Nedjeb étaient maintenant seules dans la villa, ou, tout au moins, dans la galerie qui s’ouvrait sur la mer. Sa tartane se trouvait là, à une demi-encâblure… Son canot l’attendait au bas des degrés… Ses matelots étaient gens à lui obéir sur un signe… Il n’avait qu’à vouloir !

Le capitaine fut vivement tenté d’employer la violence pour s’emparer d’Amasia. Mais, au fond, comme c’était un homme prudent, ne voulant rien donner au hasard, décidé à ne laisser aucune trace de l’enlèvement, il se mit à réfléchir.

Or, il faisait grand jour alors. S’il tentait d’agir par force, Amasia appellerait à son aide. Nedjeb joindrait ses cris aux siens. Peut-être seraient-elles entendues de quelque serviteur ! Peut-être verrait-on la Guïdare appareillant en toute hâte pour sortir de la baie d’Odessa ! Ce serait là un indice, un commencement de preuve… Non ! mieux valait