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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Oui.

— Chère maîtresse, s’écria Nedjeb, si nous pouvions nous rendre à cette pointe ?

— Rien n’est plus facile, répondit Yarhud. En une demi-heure, avec le vent portant, la Guïdare peut avoir atteint ce cap, et, si vous voulez vous embarquer, nous appareillerons immédiatement.

— Oui !… oui !… » s’écria Nedjeb, qui ne voyait, dans cette promenade en mer, qu’une occasion pour Amasia de revoir encore une fois son fiancé.

Mais Amasia avait réfléchi. Devant cette hésitation, le capitaine n’avait pu retenir un mouvement, qui ne lui avait point échappé. Il lui sembla alors que la physionomie de Yarhud ne prévenait guère en sa faveur. Elle redevint défiante.

Quittant la balustrade, sur laquelle elle s’était accoudée pour mieux apercevoir la prolongation du littoral, Amasia rentra dans la galerie avec Nedjeb, dont elle avait saisi la main.

« J’attends vos ordres ? dit le capitaine.

— Non, capitaine, répondit Amasia. En revoyant mon fiancé dans ces conditions, je crois que je lui ferais moins de plaisir que de peine ! »

Yarhud, comprenant que rien ne ferait revenir la jeune fille sur son refus, se retira froidement.