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KÉRABAN-LE-TÊTU.

cevoir le prétendu pont de la prétendue rivière.

— Cependant, il devrait y avoir un pont… dit Van Mitten. Mon guide mentionne l’existence d’un pont…

— Ah ! votre guide mentionne l’existence d’un pont ?… répliqua Kéraban, qui, fronçant les sourcils, regardait en face son ami Van Mitten.

— Oui… ce fameux pont… dit en balbutiant le Hollandais… Vous savez bien… le Pont-Euxin… Pontus Axenos des anciens…

— Tellement ancien, répliqua Kéraban, dont les paroles sifflaient entre ses lèvres à demi serrées, qu’il n’aura pu résister à la crue produite par la fonte des neiges… des vieilles neiges…

— Du Caucase ! » put ajouter Van Mitten, mais il était à bout d’imagination.

Ahmet se tenait un peu à l’écart. Il ne savait plus que répondre à son oncle, ne voulant pas provoquer une discussion qui aurait évidemment mal tourné.

« Eh bien, mon neveu, dit Kéraban d’un ton sec, comment ferons-nous pour passer cette rivière, puisqu’il n’y a pas ou puisqu’il n’y a plus de pont ?

— Oh ! nous trouverons bien un gué ! dit négligemment Ahmet. Il y a si peu d’eau !…