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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Personne, mon oncle ! répondit Ahmet. Le maître de poste l’y a conduite lui-même… comme il fait toujours…

— Depuis qu’il n’y a plus de pont, n’est-ce pas ?

— D’ailleurs, mon oncle, il n’y avait pas d’autre moyen de continuer notre voyage !

— Il y en avait un autre, neveu Ahmet ! Il y avait à revenir sur ses pas et à faire le tour de la mer d’Azof par le nord !

— Deux cents lieues de plus, mon oncle ! Et mon mariage ? Et la date du trente ? Avez-vous donc oublié le trente ?…

— Point ! mon neveu, et avant cette date, je saurai bien être de retour ! Partons ! »

Ahmet eut un instant d’émotion bien vive. Son oncle allait-il mettre à exécution ce projet insensé de revenir sur ses pas à travers la presqu’île ? Allait-il, au contraire, prendre place dans le bac et traverser le détroit d’Iénikalé ?

Le seigneur Kéraban s’était dirigé vers le bac. Van Mitten, Ahmet, Nizib et Bruno le suivaient, ne voulant donner aucun prétexte à la violente discussion qui menaçait d’éclater.

Kéraban, pendant une longue minute, s’arrêta sur le quai à regarder autour de lui.