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KÉRABAN-LE-TÊTU.

— Causerie sans discussion ! répondit Van Mitten, et qui n’en est que plus agréable !

— Aussi, reprit Kéraban, le gouvernement turc a-t-il été fort mal avisé, comme toujours, en frappant le tabac d’un impôt qui en a décuplé le prix ! C’est grâce à cette sotte idée que l’usage du narghilé tend peu à peu à disparaître et disparaîtra un jour !

— Ce serait regrettable, en effet, ami Kéraban !

— Quant à moi, ami Van Mitten, j’ai pour le tabac une telle prédilection, que j’aimerais mieux mourir que d’y renoncer. Oui ! mourir ! Et si j’avais vécu au temps d’Amurat IV, ce despote qui voulut en proscrire l’usage sous peine de mort, on aurait vu tomber ma tête de mes épaules avant ma pipe de mes lèvres !

— Je pense comme vous, ami Kéraban, répondit le Hollandais, en humant deux ou trois bonnes bouffées coup sur coup.

— Pas si vite, Van Mitten, de grâce, n’aspirez pas si vite ! Vous n’avez pas le temps de goûter à cette fumée savoureuse, et vous me faites l’effet d’un glouton qui avale les morceaux sans les mâcher !

— Vous avez toujours raison, ami Kéraban, ré-