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KÉRABAN-LE-TÊTU.

pondit Van Mitten, qui, pour rien au monde, n’aurait pas voulu troubler si douce quiétude par les éclats d’une discussion.

— Toujours raison, ami Van Mitten !

— Mais ce qui m’étonne, en vérité, ami Kéraban, c’est que nous, des négociants en tabac, nous éprouvions tant de plaisir à utiliser notre propre marchandise !

— Et pourquoi donc ? demanda Kéraban, qui ne cessait de se tenir un peu sur l’œil.

— Mais parce que, s’il est vrai que les pâtissiers sont généralement dégoûtés de la pâtisserie, et les confiseurs des sucreries qu’ils confisent, il me semble qu’un marchand de tabac devrait avoir horreur de…

— Une seule observation, Van Mitten, répondit Kéraban, une seule, je vous prie !

— Laquelle ?

— Avez-vous jamais entendu dire qu’un marchand de vin ait fait fi des boissons qu’il débite ?

— Non, certes !

— Eh bien, marchands de vin ou marchands de tabac, c’est exactement la même chose.

— Soit ! répondit le Hollandais. L’explication que vous donnez là me paraît excellente !