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KÉRABAN-LE-TÊTU.

gnifique cheval, suivi de quatre cavaliers qui lui faisaient escorte, se disposait à franchir le passage à niveau.

C’était évidemment un personnage considérable. Âgé de trente-cinq ans environ, sa taille élevée se dégageait avec cette noblesse particulière aux races asiatiques. Figure assez belle, avec des yeux qui ne s’animaient qu’au feu de la passion, front d’un ton mat, barbe noire, dont les volutes s’étageaient jusqu’à mi-poitrine, bouche ornée de dents très blanches, lèvres qui ne savaient pas sourire : en somme, la physionomie d’un homme impérieux, puissant par sa situation et sa fortune, habitué à la réalisation de tous ses désirs, à l’accomplissement de toutes ses volontés, et que la résistance eût poussé aux plus grands excès. Il y avait encore du sauvage dans cette nature, où le type turc confinait au type arabe.

Ce seigneur portait un simple costume de voyage, taillé à la mode des riches Osmanlis, qui sont plus Asiatiques qu’Européens. Sans doute, sous son cafetan de couleur sombre, il tenait à dissimuler le riche personnage qu’il était.

Au moment où l’attelage atteignait le milieu de la voie, le groupe des cavaliers l’atteignait