clous dont la semelle débordait l’empeigne, jambières de toile recouvrant le bas de laine, préférable au bas de fil ou de coton,
qui ne tarde pas à produire des écorchures, — ainsi que je m’en aperçus bientôt. J’étais loin d’être aussi beau sous mon harnais d’occasion ; mais on ne peut exiger d’un débutant qu’il possède la garde-robe d’un vieux comédien.
Par exemple, en fait de gibier, je ne voyais rien. Cependant, que sur cette réserve il y eût en quantité des cailles, des perdreaux, des râles de genêt, puis de ces lièvres de janvier que mes compagnons appelaient des « trois-quarts » et dont ils avaient la bouche pleine, puis des levreaux, puis des hases, il fallait le croire, puisqu’ils l’affirmaient.
« Et même, m’avait dit l’ami Brétignot, évitez de tirer les hases pleines ! C’est indigne d’un chasseur ! »
Pleines ou vides, du diable si je m’en serais aperçu, moi qui en suis encore à distinguer un lapin d’un chat de gouttière, — même en gibelotte !
Enfin, Brétignot, qui tenait particulièrement à ce que je lui fisse honneur, avait ajouté :
« Une dernière recommandation, qui peut avoir son importance, au cas où vous tireriez un lièvre.
— S’il en passe !… fis-je observer d’un ton narquois.
— Il en passera, répondit froidement Brétignot. Eh bien, rappelez-vous que, grâce à sa conformation, un lièvre court plus vite en montant qu’en descendant. Il faut tenir compte de cela dans la direction du coup.
— Comme vous avez bien fait de m’avertir, ami Brétignot ! répondis-je. Cette observation ne sera pas perdue, et je vous promets que j’en ferai mon profit ! »
Et, dans le fond, je pensais que, même en descendant, il était probable que le lièvre courrait encore trop vite pour que mon plomb meurtrier pût l’arrêter en route !
« En chasse, en chasse ! cria alors Maximon. Nous ne sommes pas ici pour élever des débutants au petit pot ! »
Terrible homme ! Mais je n’osai rien répondre.
Devant nos pas, à perte de vue, sur la droite et sur la gauche, s’étendait une large plaine. Les chiens avaient pris de l’avance. Leurs maîtres s’étaient dis-