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Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/218

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l’archipel en feu.

transformés en bâtiments de guerre, ils les lancèrent, non sans avantage, contre les flottes ottomanes. Là fut le berceau de ces familles Condouriotis, Tombasis, Miaoulis, Orlandos et tant d’autres de haute origine, qui payèrent de leur fortune d’abord, de leur sang ensuite, cette dette à la patrie. De là partirent ces redoutables brûlotiers qui devinrent bientôt la terreur des Turcs. Aussi, malgré des révoltes à l’intérieur, jamais ces deux îles ne furent-elles souillées par le pied des oppresseurs.

Au moment où Henry d’Albaret les visita, elles commençaient à se retirer d’une lutte, déjà bien amoindrie de part et d’autre. L’heure n’était plus loin, à laquelle elles allaient se réunir au nouveau royaume, en formant deux éparchies du département de la Corinthie et de l’Argolide.

Le 20 juillet, la corvette relâcha au port d’Hermopolis, dans l’île de Syra, cette patrie du fidèle Eumée, si poétiquement chantée par Homère. À l’époque actuelle, elle servait encore de refuge à tous ceux que les Turcs avaient chassés du continent. Syra, dont l’évêque catholique est toujours sous la protection de la France, mit toutes ses ressources à la disposition d’Henry d’Albaret. En aucun port de son pays, le jeune commandant n’eût trouvé meilleur ni plus cordial accueil.