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l’archipel en feu.

de la Syphanta, très à propos signalée, ne leur donnait pas le temps de prendre la fuite. La corvette avait fait assez de mal à ceux du nord de l’Archipel, pour que ceux du sud voulussent éviter de se rencontrer avec elle. Enfin, pour une raison ou pour une autre, jamais ces parages n’avaient été si sûrs. Il semblait que les navires de commerce pussent y naviguer désormais en toute sécurité. Quelques-uns de ces grands caboteurs, chébecs, senaux, polacres, tartanes, felouques ou caravelles, rencontrés en route, furent interrogés ; mais, des réponses de leurs patrons ou capitaines, le commandant d’Albaret ne put rien tirer qui fût de nature à l’éclairer.

Cependant, on était au 14 août. Il ne restait plus que deux semaines pour atteindre l’île de Scarpanto, avant les premiers jours de septembre. Sortie du groupe des Cyclades, la Syphanta n’avait plus qu’à piquer droit au sud pendant soixante-dix à quatre-vingts lieues. Cette mer, c’est la longue terre de Crète qui la ferme, et déjà les plus hautes cimes de l’île, enveloppées d’éternelles neiges, se montraient au-dessus de l’horizon.

Ce fut dans cette direction que le commandant d’Albaret résolut de faire route. Après être arrivé en vue de la Crète, il n’aurait plus qu’à revenir vers l’est pour gagner Scarpanto.