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signaux sans réponse.

Or, dans l’état actuel des choses, le commandant d’Albaret n’avait aucun intérêt à entrer en communication avec les divers ports de la Crète. Candie était devenue le principal arsenal des Égyptiens, et c’est de là que le pacha avait lancé ses sauvages soldats sur la Grèce. Quant à la Canée, à l’instigation des autorités ottomanes, sa population aurait pu faire un mauvais accueil au pavillon corfiote qui battait à la corne de la Syphanta. Enfin, ni à Gira-Petra, ni à Suda, ni à Cisamos, Henry d’Albaret n’eût obtenu de renseignements, qui eussent pu lui permettre de couronner sa croisière par quelque importante capture.

« Non, dit-il au capitaine Todros, il me paraît inutile d’observer la côte septentrionale, mais nous pourrions tourner l’île par le nord-ouest, doubler le cap Spada et croiser un jour ou deux au large de Grabouse. »

C’était évidemment le meilleur parti à prendre. Dans les eaux mal famées de Grabouse, la Syphanta trouverait peut-être l’occasion, qui lui était refusée depuis plus d’un mois, d’envoyer quelques bordées aux pirates de l’Archipel.

En outre, si la sacolève, comme on pouvait le croire, avait fait voile pour la Crète, il n’était pas impossible qu’elle fût en relâche à Grabouse. Raison