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l’archipel en feu.

au milieu de ce semis d’écueils qui la défendent, sous l’abri des hautes falaises rocheuses qui la délimitent, un bâtiment tel que le brick pouvait facilement se dissimuler. Derrière cette barrière de brisants, que la Syphanta ne pouvait ranger de plus près, sans courir le risque d’échouer, un capitaine, connaissant ces canaux, avait pour lui toute chance de dépister ceux qui le poursuivaient. Si donc le brick s’était réfugié dans quelque secrète crique, il serait très difficile de le retrouver, non plus que les autres bâtiments pirates, auxquels l’île donnait asile sur des mouillages inconnus.

Les recherches de la corvette durèrent deux jours et furent vaines. Le brick se serait soudainement abîmé sous les eaux, au delà de Casos, qu’il n’eût pas été plus invisible. Quelque dépit qu’il en ressentît, le commandant d’Albaret dut renoncer à tout espoir de le découvrir. Il s’était donc décidé à venir mouiller dans le port d’Arkassa. Là, il n’avait plus qu’à attendre.

Le lendemain, entre trois heures et cinq heures du soir, la petite ville d’Arkassa allait être envahie par une grande partie de la population de l’île, sans parler des étrangers, européens ou asiatiques, dont le concours ne pouvait faire défaut à cette occasion. C’était, en effet, jour de grand marché. De misérables