Page:Verne - L’Archipel en feu, 1884.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

281
sacratif.

ne pouvaient suffire aux pansements et aux opérations, que nécessitait l’état de ceux qui avaient été frappés directement par les projectiles, ou indirectement par les éclats de bois sur le pont et dans la batterie. Si la mousqueterie n’avait pas encore parlé entre ces bâtiments qui se tenaient toujours à demi-portée de canon, s’il n’y avait ni balle, ni biscaïen à extraire, les blessures n’en étaient pas moins graves, en même temps que plus horribles.

En cette occasion, les femmes, qui avaient été confinées dans la cale, ne faillirent point à leur devoir. Hadjine Elizundo leur donna l’exemple. Toutes s’empressèrent à donner leurs soins aux blessés, les encourageant, les réconfortant.

Ce fut alors que la vieille prisonnière de Scarpanto quitta son obscure retraite. La vue du sang n’était pas pour l’effrayer, et, sans doute, les hasards de sa vie l’avaient déjà conduite sur plus d’un champ de bataille. À la lueur des lampes du faux-pont, elle se pencha au chevet des cadres où reposaient les blessés, elle prêta la main aux opérations les plus douloureuses, et, lorsqu’une nouvelle bordée faisait trembler la corvette jusque dans ses carlingues, pas un mouvement de ses yeux n’indiquait que ces effroyables détonations l’eussent fait tressaillir.

Cependant, l’heure approchait où l’équipage de la